Il faut être naïf ou utopiste pour espérer une transparence dans la gestion économique d’une autorité de transition. Dans un dispositif de gouvernance où tous les pouvoirs sont concentrés dans un petit cercle de distributeurs de droits et privilèges, il y a quelle garantie que les choses se gèrent conformément aux lois et principes ?
D’ailleurs ce sont eux la loi et les principes dès lors qu’ils s’approprient le pays au nom de leur “courage d’aller à la mort”, et d’une charte unilatérale et non consensuelle.
Par expérience ici et sous d’autres cieux, la facture après transition est toujours très salée. Après celle du CNDD en 2010, plusieurs révélations et inspections auraient fait état d’un dérapage financier dans l’ordre de 7 à 10 000 milliards de FG dans la gestion publique.
À l’époque, en plus d’autres projets très budgétivors, il y avait eu aussi du bitumage de routes à Conakry et à l’intérieur du pays. À quels coûts et qualité ? Évidemment il faut lancer de grands travaux pour maximiser ses chances de gain personnel. C’est malin, stratégique, concret et du court terme pour soi (garantir une retrocommission pour obtenir le marché).
Décidément nous restons champions dans la répétition des erreurs, de garantie d’impunité et de manque d’exigence en matière de gestion publique.
Sinon quelle a été la suite judiciaire réservée à ces scandales ? La plupart des éventuels concernés s’étaient recyclés avec le nouveau régime d’alors en se servant de l’argent volé pour se construire des nouveaux réseaux d’influence (financement de partis politiques, recrutements de mercenaires de la plume et insultologues sur les réseaux sociaux…).
Alors apprendre chaque matin que tel a donné tel marché de gré à gré, tels milliards sont dépensés sans appel d’offre pour telles activités, donne l’impression d’entendre une même musique aussi vieille que la Guinée.
En réalité, une transition militaire est l’opportunité par excellence pour l’enrichissement des vautours (mafia) et non la prospérité des acteurs sérieux de l’économie. Mais comme il faut toujours attendre des années plus tard pour constater les dégâts et faire semblant d’avoir compris, nous allons tourner en rond en croyant qu’on fait du mal à autrui.
Savoir tirer les leçons du passé afin d’éviter les mêmes erreurs, relève de l’intelligence, du bon sens et surtout de la bonne foi. Mais lorsque la haine engloutit le cœur, l’esprit se ferme et l’intéressé se fait du mal en croyant que c’est aux autres qu’il est en train de nuire.
Aliou BAH
#MoDeL
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